L’abolotcho dans notre langage courant c’est l’individu, souvent le politicien qui n’a de position que par rapport à son ventre. En fait son cerveau a migré vers son ventre,son bas-ventre, et seuls les spasmes de ce derniers, la peur de la faim, vont motiver ses prises de position. L’abolotcho n’a pas d’opinion. Pas d’idéologie, même s’il tient un discours pour la galerie, souvent pour une populace naturellement ignorante. Il naviguera d’un extrême à l’autre, sans se soucier de ses contradictions, et la trahison est pour lui un concept sans aucun sens.
Des abolotcho on en trouve partout sur notre scène nationale et nos dirigeants trouvent toujours que ce sont des personnes utiles. Quand on revient d’un voyage à l’étranger où, finalement on n’a fait que le pitre, ces abolotcho sont là pour vous accueillir à l’aéroport avec pancartes, musiques et déclarations incendiaires. Ces dirigeants ne se soucient même pas du fait que ces abolotcho n’ont finalement aucune utilité, car la population connaissant la chanson ne leur accorde plus d’importance.
Mais nos politiciens sont comme programmés pour réciter les mêmes leçons absurdes, brassant du vent continuellement, toujours à plein dans une comédie malheureusement macabre, car nous tous nous en payons le prix.
On peut comprendre que la précarité peut créer de tels monstres. Mais le pays entier vit dans la précarité sans pour autant que tous les citoyens ne tombent dans ces travers. Car, même si tout est fait, pensé pour créer ces abolotcho, ces monstres, la grande majorité des citoyens restent attachés à ces valeurs fondamentales que sont l’honnêteté, le sens de l’honneur, etc.
Mais le système pour se renouveler constamment sait où trouver ces abolotcho qui pour un chèque dans un ministère, à la primature ou à la présidence, peuvent se mettre à défendre l’indéfendable, oubliant avec une facilité déconcertante leurs discours d’hier, prêts à justifier les dialectiques les plus absurdes. Ils ont même souvent des discours nationalistes, mais toujours dans l’attente d’un paiement de ces profiteurs qui font main basse sur les rentrées financières de l’État haïtien.
L’abolotcho n’offre pas seulement son discours et ses gesticulations devant les caméras. Il offre aussi, off the record, son âme et son corps.
Ces abolotcho constituent une délinquance aussi nuisible que les gangs, et même pire. Souvent ils portent costume et cravate et avec l’appui de ces étrangers qui, sous couvert de promouvoir la démocratie, ont causé tant de détresse, tant de misères sur cette planète, on peut les retrouver par des manipulations de toutes sortes au plus haut sommet de l’État. Se débarrasser des abolotcho est difficile, car ce sont des caméléons qui peuvent s’infiltrer n’importe où. Parfois ils savent manier le verbe, mais toujours dans un objectif assassin. Il y a aussi des abolotcho qui s’ignorent. Des abolotcho qui ne sont pas encore en position et qui n’attendent que l’occasion pour sévir et pour servir.
Les abolotcho, on en connait une flopée ! Commencer à les citer ici est inutile. Mais ils ne s’offusquent pas qu’on sache qu’ils sont des abolotcho. On se filme même sans gêne sur les réseaux pour montrer comment on exécute avec professionnalisme et zèle son travail d’abolotcho.
L’abolotchisme ! Une nouvelle compétence haïtienne maintenant reconnue !
Gary Victor