Le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire (CSPJ) a publié son rapport annuel 2025, dressant un portrait alarmant de la magistrature haïtienne. Sous-financé, fragmenté et miné par l’insécurité, le système judiciaire fonctionne aujourd’hui dans des conditions qualifiées « d’état de siège ». Avec seulement 655 juges en poste pour tout le pays – soit 5,5 magistrats pour 100 000 habitants, bien en deçà des standards internationaux – l’accès à la justice reste largement inégalitaire.
Le rapport pointe des tribunaux paralysés ou relocalisés, comme à Port-au-Prince ou Mirebalais, des assassinats de juges, et des juridictions inaccessibles dans les zones contrôlées par des gangs. Les conséquences sont lourdes : détention préventive prolongée, surcharge des tribunaux restants, déni de justice et progression de l’impunité.
Avec à peine 1,05 % du budget national, la justice haïtienne peine à se moderniser. Le CSPJ propose toutefois une feuille de route en six axes, allant de la création de nouveaux tribunaux à la numérisation des outils, en passant par la protection des magistrats et la vulgarisation en créole. Il appelle à une mobilisation urgente de l’État et de ses partenaires pour éviter l’effondrement complet de l’État de droit.