Près de la côte kényane, la colline boisée de Mrima Hill devient malgré elle un enjeu géostratégique mondial. Sous ses 3,6 km² reposent d’immenses réserves de niobium, minerai stratégique utilisé pour renforcer l’acier, estimées à plus de 62 milliards de dollars. Ce trésor attire désormais les convoitises d’investisseurs chinois, américains et australiens, transformant les cinq villages environnants en terrain de rivalités économiques et diplomatiques.
Washington multiplie les initiatives pour contrer le quasi-monopole chinois sur les terres rares, tandis que Pékin cherche à sécuriser de nouveaux gisements. En juin, l’ex-ambassadeur des États-Unis au Kenya, Marc Dillard, s’est rendu sur place, confirmant l’intérêt croissant des puissances étrangères pour la région.
Mais les habitants, farouchement attachés à leur forêt luxuriante et à ses sanctuaires sacrés, craignent d’être expulsés et dépossédés. « Je ne veux pas que mon peuple soit exploité », confie Juma Koja, gardien de la communauté. Outre la menace écologique, l’exploitation minière risquerait d’effacer un patrimoine culturel et spirituel unique.
Entre promesses de richesses et peur de l’exil, Mrima Hill symbolise le dilemme africain : comment valoriser ses ressources sans sacrifier son environnement ni son identité ?

